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Législatives en Autriche : l’extrême droite au pouvoir

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Un accord a été conclu en Autriche entre le Parti populaire (ÖVP, conservateurs) et le Parti de la liberté (FPÖ, extrême droite) afin de former une majorité gouvernementale au parlement à l’issue des résultats des élections législatives tenues le 15 octobre dernier.

Après la défaite aux élections présidentielles de décembre 2016, l’extrême droite est arrivée troisième aux élections législatives du 25 octobre 2017 avec plus de 25% des voix, derrière les sociaux-démocrates du SPÖ (27%) et les conservateurs du ÖVP (31%). L’accord conclu avec le Parti populaire prévoit que le FPÖ soit à la tête des ministères des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Intérieur, de la Santé et des Affaires sociales, de la Fonction publique, et des Infrastructures et des Transports. Le leader du parti Heinz-Christian Strache sera nommé vice-chancelier. Le poste de chancelier est quant à lui réservé au chef de file du ÖVP Sebastian Kurz, à tout juste 31 ans.

Un programme national-libéral

Sebastian Kurz, chef ÖVP
Sebastian Kurz, chef ÖVP

H.C. Strache a déclaré il y a quelques jours que l’exécutif était à « 75% FPÖ » étant donné que le parti conservateur avait repris les thèmes de prédilection de l’extrême droite à son compte. Les deux programmes convergent en effet sur plusieurs points. Économiquement, ils préconisent tous deux des mesures d’inspiration libérale telles que la réduction de l’intervention de l’État et la diminution des impôts. Ils souhaitent aussi autoriser les journées de travail de douze heures. Sur la question de l’immigration, la coalition au pouvoir prévoit de diminuer les allocations versées aux réfugiés et de limiter le nombre d’immigrés accueillis sur le territoire autrichien. Des classes séparées sont aussi prévues pour les enfants issus de l’immigration qui ne maîtriseraient pas encore la langue allemande.

Heinz Christian Strache, chef FPÖ
Heinz-Christian Strache, chef FPÖ

L’Europe, une ligne rouge

Alors que l’Autriche devrait présider l’Union européenne au second semestre 2018, l’éventualité de sortie de l’UE a définitivement été exclue. En effet, l’une des conditions posées par S. Kurz a été de laisser la question des rapports avec Bruxelles entre ses mains. De plus, afin de rassurer les partenaires européens, le ministère des Affaires étrangères devrait être confié à Karin Kneissl, une diplômée de l’ENA. L’euroscepticisme traditionnel du FPÖ n’aura donc vraisemblablement pas de grande incidence sur la relation entre l’UE et l’Autriche. S. Kurz a, de son coté, toujours revendiqué ses convictions pro-européennes, plaidant pour plus de coopération en matière d’immigration et de sécurité.

Banalisation de l’extrême droite en Europe ?

Ce n’est un secret pour personne : l’extrême droite gagne de plus en plus de terrain en Europe. Cette alliance électorale s’inscrit dans un mouvement européen qui se caractérise par la résurgence des nationalismes et de la xénophobie. En témoignent les victoires électorales du Fidesz de Victor Orban en Hongrie en 2014, ou encore celle du PIS en Pologne en 2015, qui ont suscité plusieurs polémiques et tensions avec l’UE depuis leur arrivée au pouvoir. Néanmoins, en ce qui concerne le FPÖ, il ne s’agit pas de sa première expérience au pouvoir. En effet, le Parti de la liberté a déjà été aux rênes de l’État dans une coalition avec la gauche entre 1983 et 1986, puis dans un second temps de 2000 à 2006 dans une coalition avec la droite. La différence cette fois est que le parti a eu droit à 3 ministères régaliens. De plus, sa victoire n’a pas suscité autant d’indignation en Europe que lors de sa dernière participation au pouvoir au début des années 2000 ; peut-être est-ce le signe d’une banalisation de l’extrême droite en Europe.

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